La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) désigne la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable en intégrant des préoccupations sociales, environnementales, éthiques et économiques dans leurs activités.
Adopter une démarche RSE est devenu un impératif pour les PME comme pour les grands groupes, car elle permet de réduire les impacts négatifs de l’entreprise tout en créant de la valeur partagée (meilleure image, innovations, fidélisation des parties prenantes, etc.). Dans ce contexte, obtenir un label RSE peut constituer un atout décisif pour crédibiliser et valoriser son engagement.
Pourquoi chercher à faire labelliser sa démarche RSE ? D’une part, cela offre une reconnaissance officielle de vos bonnes pratiques, gage de sérieux face aux risques de greenwashing. Seules 2 % des entreprises françaises sont aujourd’hui labellisées ou publient des informations RSE, ce qui signifie qu’un label vous démarque nettement de la concurrence.
D’autre part, un label RSE apporte de nombreux bénéfices concrets comme un cadre structurant qui fixe des objectifs précis à atteindre, ce qui vous aide à piloter et améliorer votre stratégie RSE sur la durée.
Mettre en place un label vous permet de gagner en légitimité.
Via votre communication, vous pouvez prouver vos engagements et les valoriser auprès de toutes vos parties prenantes (clients, salariés, investisseurs, grand public).
De plus, d’un point de vue performance économique, les entreprises labellisées affichent une croissance supérieure – en moyenne +7,6 % par an pour les PME labellisées, contre +1,6 % pour les autres – en capitalisant sur leur engagement durable.
Rejoindre un label, c’est aussi intégrer un réseau d’organisations, une communauté même, partageant les mêmes valeurs, favorisant les échanges de bonnes pratiques et les opportunités de partenariat.
Dans cet article, nous dresserons un panorama des principaux labels RSE en France et de leurs caractéristiques, avant d’expliquer comment choisir celui qui convient le mieux à votre entreprise. Nous illustrerons également par des exemples d’entreprises labellisées et donnerons des conseils pour communiquer efficacement sur votre labellisation RSE.
Panorama des labels RSE en France
Le paysage des labels RSE en France peut sembler complexe tant les initiatives se multiplient – certifications, notations extra-financières, trophées, labels auto-déclarés, etc. – sans toujours offrir le même niveau de garantie ni de transparence.
Il est donc crucial de bien distinguer certifications, labels et notations RSE : une certification repose généralement sur une norme officielle et un audit tierce partie (par ex. les normes ISO), un label est une reconnaissance délivrée par un organisme indépendant selon un référentiel donné, et une notation est une évaluation (score, médaille) sans délivrance de certificat.
Pour y voir plus clair, voici une présentation des principaux labels et standards RSE utilisés en France, avec leurs critères et spécificités.
ISO 26000 et normes de référence
La norme internationale iso 26000 est une référence en matière de responsabilité sociétale, parue en 2010. Elle définit les grandes lignes d’une démarche RSE (gouvernance, droits de l’homme, conditions de travail, environnement, pratiques loyales des affaires, questions relatives aux consommateurs, développement local) et les principes à respecter.
ISO 26000 n’est pas une certification (il n’existe pas de certificat ISO 26000), mais un cadre volontaire. En France, de nombreux labels RSE dits « généralistes » s’appuient sur cette norme pour bâtir leur référentiel, garantissant leur sérieux et leur alignement sur un standard reconnu. Citons notamment les labels Engagé RSE (Afnor) et LUCIE 26000, qui se conforment aux sept questions centrales d’ISO 26000, ou encore des labels plus récents comme Positive Workplace ou PME+ également fondés sur ce référentiel.
Le label Engagé RSE (Afnor)
Le Label Engagé RSE est le label RSE généraliste porté par Afnor Certification. Il permet d’évaluer la maturité de la démarche RSE d’une organisation sur la base d’ISO 26000.
Le référentiel Engagé RSE comprend 8 chapitres et 55 critères couvrant l’ensemble des enjeux RSE de l’entreprise (stratégie, gouvernance, social, environnement, parties prenantes, ancrage territorial, etc.).
L’évaluation est réalisée lors d’un audit sur site par un évaluateur habilité, incluant des entretiens avec la direction, des collaborateurs et des parties prenantes externes (clients, fournisseurs, ONG, collectivités…), afin de garantir une vision objective et globale.
A l’issue de l’audit, un niveau de labellisation est attribué parmi quatre paliers de progression continue : Initial, Progression (1 étoile), Confirmé (2 étoiles) ou Exemplaire (3 étoiles), correspondant à un score sur 1000 points. Le label est délivré pour une durée de 3 ans en général, avec un audit de suivi intermédiaire pour vérifier l’amélioration continue.
En décembre 2022, on comptait 393 entreprises labellisées Engagé RSE en France, témoignant de l’essor de ce label créé en 2010. À noter que les entreprises labellisées Engagé RSE bénéficient d’une reconnaissance à l’international via le label européen “Responsibility Europe”, né de l’harmonisation de plusieurs labels RSE nationaux.
Engagé RSE s’adresse à tout type d’organisation (grands groupes, ETI, PME, administrations…). Il offre une évaluation globale et personnalisée : les points forts et axes d’amélioration sont détaillés dans un rapport de performance, ce qui aide l’entreprise à piloter son plan d’action RSE.
Afnor propose également une dizaine de déclinaisons sectorielles de ce label pour prendre en compte les spécificités de certains métiers. Par ailleurs, le label prévoit une graduation des résultats (de « Initial » à « Exemplaire ») qui permet aux organisations de valoriser leur progression dans le temps.
Le label LUCIE 26000
Créé en 2007, le Label LUCIE 26000 est le premier label RSE français. Il a été développé en partenariat avec l’Afnor et s’aligne explicitement sur la norme ISO 26000. LUCIE 26000 s’adresse à toutes les organisations – entreprises de toute taille, associations, institutions – souhaitant valoriser et faire progresser leurs pratiques RSE.
En effet, plus qu’une simple évaluation, LUCIE se veut un parcours d’amélioration continue : l’entreprise candidate s’engage d’abord en signant la charte LUCIE, puis suit une formation obligatoire, réalise un diagnostic RSE approfondi, élabore un plan d’actions sur 3 à 4 ans, avant de passer un audit par un organisme tiers indépendant (OTI) accrédité.
La décision de labellisation est prise par un comité indépendant, et le label est valable 4 ans, avec un contrôle à mi-parcours et un renouvellement à effectuer ensuite.
Le référentiel LUCIE couvre les 7 thèmes d’ISO 26000 (gouvernance, droits humains, conditions de travail, environnement, pratiques commerciales, consommateurs, développement local). Son obtention exige de l’entreprise qu’elle mette en place un plan d’action ambitieux et mesurable sur chacun de ces volets. L’accent est mis sur le progrès continu plutôt que sur un niveau figé de performance.
En termes de portée, LUCIE fédère aujourd’hui une vaste communauté : plus de 400 organisations sont labellisées LUCIE 26000 en France, parmi lesquelles des acteurs variés comme GRDF (énergie), les hôtels Kyriad, la Croix-Rouge française, l’école Audencia, le fabricant Meubles Gautier ou encore le cabinet In Extenso.
Les labellisés LUCIE sont regroupés au sein de l’Association LUCIE pour partager leurs expériences et promouvoir ensemble le développement durable. Le label LUCIE est reconnu pour son exigence (preuve d’amélioration concrète) et son accompagnement pédagogique, ce qui en fait une référence incontournable pour structurer une démarche RSE crédible.
La certification B Corp
B Corp (Benefit Corporation) est un label international né aux États-Unis en 2006, arrivé en France en 2015. Porté par l’ONG B Lab, il certifie les entreprises qui répondent aux plus hauts standards sociaux, sociétaux et environnementaux. Contrairement aux labels précédents basés sur ISO 26000, B Corp repose sur un référentiel propre : le B impact assessment (BIA), un questionnaire en ligne d’environ 200 questions évaluant l’entreprise sur cinq grands domaines (gouvernance, collaborateurs, communauté/sociétal, environnement, clients).
Pour être certifiée, l’entreprise doit obtenir au moins 80 points sur 200 au BIA. L’évaluation détaillée est ensuite vérifiée par un analyste de B Lab, et un audit peut être mené pour les plus grandes entités, afin de valider les preuves. La certification est payante et les frais annuels varient selon le chiffre d’affaires de l’entreprise (environ 2 000 € pour une petite entreprise et environ 50 000 € pour un très grand groupe). Elle est valide pour une durée de 3 ans, après quoi une recertification est nécessaire.
B Corp se distingue par son aspect communautaire et international. Au 6 juillet 2023, on comptait 318 entreprises françaises certifiées B Corp (sur 6 776 dans le monde). Ces entreprises forment une communauté engagée dans laquelle elles peuvent échanger et coopérer.
La certification B Corp implique aussi une dimension de gouvernance : B Lab demande aux certifiées d’inscrire dans leurs statuts une prise en compte des parties prenantes et de la finalité sociétale de l’entreprise, rapprochant ainsi B Corp du statut français d’entreprise à mission. Parmi les B Corp françaises notables, on peut citer la chaîne de magasins Nature & Découvertes (certifiée dès 2015), la maison de mode Chloé ou encore les jardineries Truffaut. Des filiales de grands groupes ont également franchi le pas, comme Danone*, qui ambitionne de certifier l’ensemble de ses activités. Être B Corp permet à ces entreprises de revendiquer officiellement un impact positif et de rejoindre un mouvement mondial d’entreprises partageant les mêmes valeurs.
L’évaluation EcoVadis
EcoVadis n’est pas un label au sens strict, mais une plateforme d’évaluation RSE de plus en plus répandue, notamment dans les relations clients-fournisseurs.
Fondée en France en 2007, EcoVadis propose aux entreprises de répondre à un questionnaire en ligne sur leurs politiques et pratiques RSE, puis d’analyser les documents fournis pour aboutir à un score global sur 100.
En fonction du score obtenu et du positionnement relatif par rapport aux autres entreprises évaluées, EcoVadis décerne une médaille : Bronze (top 50 %), Argent (top 25 %), Or (top 5 %) ou Platine (top 1 %) des entreprises de son secteur. L’évaluation porte sur 21 critères répartis en 4 thèmes (environnement, social & droits de l’Homme, éthique des affaires, achats responsables), et elle est adaptée au secteur, à la taille et à la localisation de chaque entreprise pour plus de pertinence.
EcoVadis s’est imposé comme un standard pour évaluer la RSE des fournisseurs : plus de 100 000 entreprises dans le monde ont déjà été notées via cette plateforme. Souvent, c’est à la demande d’un grand client qu’une PME va réaliser son évaluation EcoVadis, dans le cadre d’un appel d’offres ou d’une politique achats responsables.
Contrairement aux autres, EcoVadis n’aboutit pas à un label public, mais l’entreprise peut communiquer sur sa médaille (par ex. « Médaille d’or EcoVadis ») et surtout partager son score avec ses partenaires commerciaux via la plateforme.
L’intérêt d’EcoVadis réside dans sa simplicité et sa comparabilité. Le processus se fait en ligne en quelques semaines et le coût est relativement accessible (entre 700 et 2 000 € par an selon la taille de l’entreprise). L’entreprise reçoit un rapport détaillé avec ses points forts et axes d’amélioration, ce qui lui permet de progresser.
De plus, une bonne note EcoVadis peut faciliter l’accès à de nouveaux marchés, de nombreux grands donneurs d’ordre utilisant ce système pour sélectionner des fournisseurs plus durables.
En revanche, EcoVadis reste une évaluation privée : il n’y a pas de contrôle sur site systématique, et la démarche est surtout initiée par les clients. Il s’agit donc plutôt d’un outil de pilotage et de transparence B2B qu’un label grand public.
Great Place To Work et labels « Qualité de vie au travail »
La qualité de vie au travail (QVT) et le bien-être des collaborateurs font partie intégrante de la RSE (volet social/sociétal). À ce titre, de nombreuses entreprises cherchent à obtenir le label Great Place To Work ou d’autres distinctions similaires afin de valoriser leur marque employeur.
Great Place To Work (GPTW) est un organisme qui, après enquête anonyme auprès des salariés et évaluation des pratiques managériales, certifie chaque année les entreprises où « il fait bon travailler ». La certification GPTW est attribuée pour un an et permet à l’entreprise de figurer éventuellement dans le classement Best Workplaces publié par catégorie (PME, ETI, grandes entreprises). Par exemple, le cabinet de conseil Wavestone s’est classé 1er au palmarès Great Place To Work France 2023 dans la catégorie des entreprises de plus de 2500 salariés, témoignant de son engagement en faveur d’une culture d’entreprise épanouissante.
Obtenir ce label implique généralement de recueillir au moins 65 % de retours positifs des salariés au sondage interne de l’institut GPTW. De nombreuses entreprises de tous secteurs s’y essaient, y voyant un outil puissant pour attirer les talents et mobiliser leurs équipes.
Parmi les autres labels ou certifications liés à des thématiques RSE spécifiques, on peut citer également Happy@Work, Top Employer (ressources humaines), Label Égalité professionnelle ou Diversity (égalité et inclusion), EnVol (premier niveau environnemental pour les petites entreprises), etc.
Chaque label thématique évalue un aspect particulier de la RSE, ce qui peut compléter un label généraliste. Le choix dépendra donc des priorités que souhaite mettre en avant l’entreprise.
Nous avons terminé de passer en revue les principaux labels RSE en France et leurs caractéristiques. Voyons maintenant comment choisir le label le plus adapté à votre organisation et les conditions pratiques d’obtention !
Comment choisir le bon label RSE ?
Chaque entreprise ayant sa propre taille, son secteur d’activité, sa culture et ses objectifs, le choix d’un label RSE doit se faire en fonction de critères bien définis.
Voici les principaux facteurs à considérer.
Taille et ressources de l’entreprise
Certaines labellisations sont plus lourdes que d’autres. Par exemple, un grand groupe international aura plutôt intérêt à se diriger vers une certification EcoVadis, tandis qu’une structure à taille humaine très engagée aura davantage intérêt à favoriser la certification B Corp . EcoVadis permet en effet à une multinationale d’évaluer des centaines de sites rapidement, alors que B Corp, plus holistique, séduit beaucoup de start-ups et PME à mission.
De même, une petite entreprise disposant de moyens limités pourra privilégier un label progressif et abordable (ex : PME+ dans l’agroalimentaire, ou un engagement au Global Compact de l’ONU, qui est gratuit), tandis qu’un grand groupe pourra mobiliser une équipe projet RSE dédiée pour obtenir une certification exigeante sur plusieurs sites (Engagé RSE, B Corp, ou un standard ISO type 14001/50001 pour l’environnement en complément). Il faut évaluer le budget et le temps disponibles : plus le niveau d’exigence du label est élevé, plus le processus sera long et chronophage.
Secteur d’activité et enjeux spécifiques
Le secteur peut orienter vers tel ou tel label. Certaines filières disposent de labels RSE sectoriels conçus sur mesure. Par exemple, une entreprise de transport et logistique pourra candidater au label « Objectif CO₂ » ou « FRET21 » spécifique à son métier, une exploitation agricole ira vers le label Agriculture Biologique ou Fair For Life (commerce équitable) délivrés par Ecocert, tandis qu’une entreprise du numérique pourra viser le label Numérique Responsable.
Si vous êtes dans un secteur à forts enjeux environnementaux (énergie, bâtiment, agroalimentaire…), regardez s’il existe un référentiel sectoriel reconnu par la profession. À l’inverse, pour une activité de services sans label métier identifié, un label généraliste (Engagé RSE, LUCIE ou B Corp) offrira un cadre large englobant tous les volets RSE pertinents. L’important est que le périmètre du label couvre bien vos enjeux matériels.
Objectifs recherchés
Clarifiez ce que vous attendez du label. Est-ce avant tout un outil de pilotage interne (dans ce cas, une évaluation type EcoVadis ou un référentiel ISO peut suffire) ou plutôt un levier de communication externe (un label reconnu comme B Corp ou GPTW aura plus d’impact public) ? Cherchez-vous à mobiliser vos équipes en interne (dans ce cas, un label participatif comme LUCIE ou une démarche comme “entreprise à mission” peut être stimulant) ou à rassurer des partenaires externes (Engagé RSE ou EcoVadis sont parfois exigés dans les appels d’offres publics/privés) ? En définissant vos priorités (visibilité, amélioration continue, benchmark, attractivité RH, etc.), vous pourrez sélectionner le label le plus en adéquation avec vos ambitions.
Une fois la cible définie, il convient de s’informer sur le processus d’obtention du label choisi. Bien que chaque référentiel ait ses spécificités, on retrouve généralement les étapes suivantes : auto-diagnostic initial (questionnaire ou audit interne pour évaluer la situation de départ), plan d’actions pour se mettre en conformité avec les critères du label, audit externe ou évaluation par un tiers indépendant, décision de labellisation puis suivi et renouvellement régulier. Par exemple, pour le label LUCIE 26000, l’entreprise suit un parcours en 7 étapes allant de la signature de la charte à un audit par un OTI et un renouvellement tous les 4 ans.
De même, le label Engagé RSE implique une évaluation sur site, un rapport de performance et un audit de suivi environ 18 mois plus tard pour confirmer la progression. Il est important de bien préparer en amont son dossier (collecte de preuves, implication des collaborateurs, éventuellement accompagnement par un consultant) afin de tirer le maximum de bénéfices de la démarche.
Coût et durée
Ces deux paramètres pratiques ne sont pas à négliger. Les coûts varient fortement selon les labels et la taille de l’entreprise.
Pour donner quelques repères, la certification B Corp requiert le paiement d’une redevance annuelle proportionnelle au chiffre d’affaires (de l’ordre de 2 000 € pour une petite PME jusqu’à 50 000 € pour un grand groupe).
Le label Engagé RSE implique le financement d’audits Afnor dont le tarif peut osciller entre 1 000 € et 1 300 € par jour d’intervention (une TPE sera auditée en 1 à 2 jours, une entreprise de grande taille sur plusieurs semaines).
Le label LUCIE 26000 comprend des frais de formation, d’évaluation (environ 6 000 € sur 3 ans) et une contribution annuelle (0,01 % du CA).
La notation EcoVadis fonctionne par abonnement annuel (700 à 2 000 €). À ces coûts directs peuvent s’ajouter des coûts indirects (temps passé par les équipes, investissements pour corriger les non-conformités identifiées, etc.). Il est donc judicieux d’élaborer un budget RSE prévisionnel.
Sur le volet durée, l’expérience montre qu’il faut compter 6 à 18 mois pour obtenir un label RSE exigeant à partir du lancement du projet (variable selon la maturité initiale de l’entreprise et la disponibilité des ressources). Certains labels s’obtiennent plus rapidement (quelques mois pour EcoVadis ou Great Place To Work), tandis que d’autres s’inscrivent dans le long terme (plusieurs années de transformation peuvent être nécessaires pour atteindre le niveau “exemplaire” d’Engagé RSE, par exemple).
N’oublions pas que la labellisation RSE n’est pas une fin en soi : c’est un processus d’amélioration continue. La plupart des labels ont une validité limitée (B Corp : 3 ans, LUCIE : 4 ans, Engagé RSE : audit de renouvellement prévu tous les 3 ans, Great Place To Work : 1 an, etc.), impliquant de se remettre en question périodiquement pour conserver ou améliorer son label. Cette exigence de durabilité doit être intégrée dès le départ dans votre feuille de route RSE.
Quelques exemples d’entreprises labellisées
De nombreuses entreprises françaises, de la PME au grand groupe, ont franchi le pas de la labellisation RSE et constaté des retombées positives tant en interne qu’en externe. Voici quelques exemples illustratifs.
Pierre Fabre (label Engagé RSE)
En 2022, le groupe pharmaceutique et dermo-cosmétique Pierre Fabre est devenu le premier grand groupe industriel labellisé Engagé RSE au niveau Exemplaire (3 étoiles). Cette distinction, décernée après un audit approfondi de plusieurs sites et parties prenantes, place Pierre Fabre dans le top 1 % des 266 organisations évaluées par Afnor. Le fait d’atteindre le plus haut niveau du label a confirmé la robustesse de sa stratégie de développement durable et lui a permis de communiquer fièrement sur cet engagement pionnier dans son secteur. Dans son communiqué, l’entreprise souligne que la labellisation Afnor, plus exigeante qu’une simple auto-évaluation, a été l’occasion de fournir des preuves objectives de la maîtrise de ses impacts sociaux et environnementaux, renforçant ainsi la crédibilité de sa démarche.
RATP (label Engagé RSE)
Autre exemple marquant, la RATP, entreprise publique de transport, a également utilisé le label Engagé RSE pour structurer et valoriser sa transformation. Labellisée niveau Confirmé en 2019, la RATP a progressé pour atteindre le niveau Exemplaire début 2022, devenant le premier acteur de transport à ce niveau. Les évaluateurs ont salué l’intégration de la raison d’être du groupe dans la stratégie, l’agilité de l’organisation et ses nombreuses contributions sociales et environnementales. Cette reconnaissance externe a renforcé la fierté en interne et conforte l’image d’un groupe résolument engagé dans la transition durable auprès du grand public et des autorités organisatrices de mobilité.
Entreprises labellisées LUCIE 26000
Le label LUCIE a séduit une diversité d’organisations en France. Par exemple, le gestionnaire de réseau de gaz GRDF s’est engagé dans la communauté LUCIE pour structurer ses actions en faveur de la transition énergétique.
L’association Croix-Rouge française a obtenu le label pour renforcer la transparence et l’efficacité de ses actions humanitaires. Le fabricant vendéen Meubles Gautier et le réseau d’experts-comptables In Extenso font partie des PME/ETI qui arborent le label LUCIE pour témoigner de leur ancrage local responsable et de leur respect des parties prenantes. Ces entreprises labellisées mettent en avant une meilleure cohésion interne (les collaborateurs étant associés au plan d’actions) et une dynamique d’amélioration continue dans la durée.
Beaucoup rejoignent d’ailleurs le club des labellisés LUCIE pour échanger des retours d’expérience, signe que la dimension réseau du label est un vrai plus.
B Corp en France
Le mouvement B Corp grandit rapidement dans l’Hexagone, notamment porté par des PME innovantes et des marques grand public.
Nature & Découvertes fut l’une des premières B Corp françaises en 2015, affichant dès lors son ambition d’allier commerce et impact positif. La marque de glaces Ben & Jerry’s (groupe Unilever) ou la société de mode de luxe Chloé ont également obtenu la certification B Corp, prouvant qu’il est possible de conjuguer rentabilité et haut niveau d’exigence sociale et environnementale.
Début 2023, on recense plus de 300 B Corp françaises, dont environ 70 % sont des petites structures de moins de 50 salariés, mais aussi une quinzaine d’entreprises de plus de 1 000 salariés. Cette mixité montre que le label attire aussi bien des jeunes pousses que des acteurs établis. Les entreprises certifiées soulignent souvent l’effet mobilisateur en interne (les employés sont fiers de travailler pour une B Corp) et l’effet d’image externe (appartenir à une communauté mondiale d’« entreprises qui changent le monde » est un argument marketing puissant). Par exemple, la PME de e-commerce Camif (ameublement) communique largement sur son statut de B Corp pour attirer une clientèle en quête de consommation responsable, tandis que Le Bon Coin (site de petites annonces) a vu dans B Corp un moyen de concrétiser ses valeurs d’entreprise circulaire auprès de ses utilisateurs.
Great Place To Work
Sur le volet social, de nombreuses entreprises françaises ont constaté l’impact positif du label Great Place To Work sur leur attractivité RH et leur climat interne.
Le groupe Décathlon ou le cabinet de conseil Extia figurent régulièrement dans le palmarès des Best Workplaces, et en retirent une amélioration de leur marque employeur.
En 2023, Wavestone a communiqué que l’obtention du label GPTW pour la deuxième année consécutive a renforcé la fidélisation de ses 3 500 collaborateurs et contribué à attirer de nouveaux talents partageant ses valeurs.
De plus, l’entreprise a été distinguée au palmarès GPTW Europe et Best Workplaces for Women, ce qui lui donne une visibilité accrue sur la scène internationale.
Concrètement, les labellisés Great Place To Work constatent souvent une hausse de la motivation et du taux d’engagement des salariés, fiers de travailler dans une entreprise reconnue pour son bien-être au travail. Ce cercle vertueux rejaillit sur la performance globale (moins de turnover, meilleur service aux clients, etc.).
Ces exemples montrent qu’il n’y a pas de « profil type » pour bénéficier d’une labellisation RSE : quelle que soit sa taille ou son secteur, une entreprise gagne à structurer sa démarche et à la faire reconnaître. Les bénéfices constatés vont de l’amélioration de la performance interne (efficacité opérationnelle, innovation, climat social) à un meilleur avantage concurrentiel sur le marché (préférence des clients et partenaires, accès facilité à certains appels d’offres, différenciation de marque). Bien sûr, le label n’est pas une fin en soi : il doit s’accompagner d’actions réelles. Les entreprises citées ont toutes intégré le label comme un levier de pilotage de leur stratégie RSE et non comme une simple médaille à exhiber, d’où leur succès sur la durée.
Valoriser son label RSE
Obtenir un label est une première étape, encore faut-il le valoriser efficacement pour en tirer pleinement parti. Voici quelques pistes pour communiquer et exploiter votre labellisation RSE auprès de vos parties prenantes.
Communication 360° et storytelling
Il est important d’annoncer et d’expliquer votre labellisation sur l’ensemble de vos supports de communication.
Publiez un communiqué de presse, alimentez vos réseaux sociaux avec la nouvelle, mettez en évidence le logo du label sur votre site web, vos plaquettes commerciales, vos emailings, etc. Racontez également la démarche qui vous a mené à ce label : les actions mises en place, les défis surmontés, ce que cela signifie pour l’entreprise.
Par exemple, si vous êtes certifié B Corp ou labellisé Engagé RSE, expliquez quelles transformations internes ont été entreprises et quels résultats vous constatez (économie d’énergie, nouveaux projets sociaux, etc.).
Cela donnera du concret et renforcera la crédibilité de votre message. Veillez toutefois à rester transparent et humble dans votre communication pour éviter le greenwashing : le label vous donne une légitimité, mais n’hésitez pas à mentionner aussi les axes de progrès restants. Cette transparence inspirera confiance.
Intégration à la stratégie marketing et commerciale
Un label RSE peut devenir un véritable argument de vente et un facteur de préférence client. Mettez en avant vos engagements labellisés dans vos propositions commerciales, lors des rendez-vous prospects, ou sur vos fiches produits.
Par exemple, une PME industrielle bien notée par EcoVadis pourra le signaler dans sa réponse à un appel d’offres (de nombreux acheteurs exigent aujourd’hui un score RSE minimum). De même, un label comme B Corp ou LUCIE peut rassurer un donneur d’ordre international quant à votre niveau de conformité sociale et environnementale.
Certaines entreprises n’hésitent pas à apposer les logos de leurs labels sur leurs produits ou emballages (sous réserve du respect des chartes graphiques des labels) pour informer directement les consommateurs en rayon que l’entreprise suit des pratiques responsables. D’après BNP Paribas, l’obtention d’un label peut influencer positivement les choix des clients sensibles aux valeurs éthiques et durables.
N’oubliez pas non plus vos partenaires financiers : présenter votre label RSE dans votre rapport annuel ou à vos investisseurs peut renforcer votre profil ESG. Les investisseurs responsables et les banques accordent de plus en plus d’importance aux critères extra-financiers, et un label reconnu dans ce domaine constitue un gage de sérieux.
Marque employeur et ressources humaines
Profitez de votre labellisation pour renforcer votre attractivité en tant qu’employeur. Communiquez en interne sur cette réussite – par exemple via un événement de célébration avec vos équipes – afin de renforcer le sentiment de fierté et d’appartenance. Incluez systématiquement une mention de vos labels et engagements RSE dans vos offres d’emploi et pages carrières.
En effet, les candidats y sont très attentifs : 77 % des salariés en France estiment qu’une entreprise qui prend en compte la RSE est plus attractive, et 76 % des candidats déclarent consulter les informations RSE dans une offre d’emploi avant de postuler.
Afficher vos labels (par exemple « Entreprise certifiée Great Place To Work® » ou « Labellisée LUCIE 26000 ») peut ainsi faire la différence pour attirer des talents partageant vos valeurs. Sur le plan de la fidélisation des collaborateurs, n’hésitez pas à impliquer vos équipes dans la poursuite des objectifs RSE liés au label (groupes de travail, ambassadeurs internes, etc.) et à valoriser leurs contributions.
Par exemple, après avoir obtenu son label, l’entreprise Tunstall a constaté qu’en valorisant ses engagements sociétaux dans sa marque employeur, elle a pu recruter des profils plus diversifiés et augmenter à 9 % la part de salariés en situation de handicap dans ses effectifs. Un label bien utilisé en interne devient donc un catalyseur d’engagement et de cohésion.
Exploiter le réseau du label
La plupart des labels RSE s’accompagnent d’une communauté ou d’un réseau d’entreprises labellisées (communauté B Corp, club des labellisés LUCIE, réseau des Entreprises à Mission, etc.). Impliquez-vous dans ces réseaux en participant aux ateliers, formations, événements qu’ils proposent.
C’est l’occasion de partager des meilleures pratiques, de nouer des contacts utiles (y compris commerciaux), voire de co-construire des initiatives sectorielles. Par exemple, les membres de la communauté B Corp organisent régulièrement des rencontres et des campagnes collectives (Mois du #BCorpMonth) pour promouvoir l’économie responsable. De même, Afnor réunit les labellisés Engagé RSE lors de retours d’expérience. Tirer parti de ces opportunités vous aidera à aller plus loin dans votre démarche RSE et à bénéficier d’une émulation positive entre pairs.
En somme, valoriser son label RSE demande d’en faire un élément à part entière de sa stratégie d’entreprise : il doit transparaître dans votre identité de marque, dans vos relations clients-fournisseurs, et dans votre gestion des ressources humaines. Un label est un formidable atout de différenciation, mais il doit être soutenu par une communication adaptée et cohérente. Les résultats s’en font sentir à moyen terme : gain de nouveaux marchés, amélioration de la réputation, attraction des meilleurs talents, et motivation renforcée en interne. N’hésitez pas à mesurer régulièrement l’impact de votre engagement RSE (via des enquêtes d’image, des indicateurs RH, etc.) afin d’ajuster vos actions de valorisation.
Face aux multiples labels RSE en France, il est essentiel de garder en tête que le meilleur label sera celui qui correspond le mieux à votre entreprise et à la sincérité de vos engagements en matière de RSE. Cet article met en lumière les principales distinctions (Engagé RSE, LUCIE 26000, B Corp, EcoVadis, Great Place To Work, etc.), chacune ayant ses avantages. Pour récapituler : un label généraliste vous donnera un cadre complet et une reconnaissance large, un label ou une notation spécifique pourra répondre à un besoin précis (secteur, supply chain, climat social…), et tous contribuent à crédibiliser vos actions aux yeux des parties prenantes.
Avant de vous lancer, quelques conseils pratiques…
Fondez votre démarche sur le réel, un label ne doit pas être une vitrine superficielle. Assurez-vous d’abord que vos bases RSE sont solides (diagnostic des enjeux, conformité réglementaire, plans d’actions concrets). Un label viendra couronner des efforts tangibles, pas les remplacer. La crédibilité de votre entreprise est en jeu sur le long terme.
Impliquez la direction et les équipes, car oui, la réussite d’une labellisation repose sur l’adhésion de toutes et tous. Expliquez le sens de la démarche en interne, nommez un référent RSE, constituez si possible un comité RSE pluridisciplinaire, et associez les collaborateurs (via des groupes de travail, des campagnes d’idées) pour qu’ils se sentent acteurs du changement. Ils seront vos meilleurs ambassadeurs ensuite.
Choisissez vos batailles ! Il peut être tentant de viser plusieurs labels à la fois, mais mieux vaut procéder pas à pas. Priorisez le label qui aura le plus de valeur ajoutée pour vous, obtenez-le, capitalisez dessus, puis envisagez-en un autre complémentaire si besoin. La cohérence de votre discours RSE n’en sera que plus claire. Autre conseil, utilisez les ressources disponibles. De nombreux guides et outils existent pour vous accompagner. Par exemple, l’Afnor propose un Guide du label Engagé RSE en libre accès, l’Agence LUCIE publie des retours d’expérience de labellisés sur son site, B Lab fournit en open source le questionnaire BIA pour auto-évaluer votre entreprise, etc. N’hésitez pas à faire appel à des accompagnateurs spécialisés (consultants RSE, réseaux d’entreprises, CCI…) qui connaissent bien ces labels et pourront vous faire gagner du temps.
En définitive, s’engager dans une labellisation RSE est un investissement stratégique qui, s’il est mené avec sérieux, peut apporter des bénéfices durables à votre entreprise et à ses parties prenantes. Au-delà du logo, retenez qu’un label RSE est avant tout un outil de progrès au service de votre mission d’entreprise responsable. En vous appuyant sur un référentiel éprouvé, en partageant vos avancées et en fédérant autour de vos valeurs, vous inscrirez votre organisation dans une dynamique vertueuse, alignée avec les attentes sociales et environnementales actuelles. Il ne vous reste plus qu’à choisir le label le plus adapté, et à vous lancer sur le chemin exigeant mais passionnant de la labellisation RSE – pour le bien de votre entreprise, et de la société toute entière.